Macron et son gouvernement soufflent sur les braises de l’islamophobie! Je suis signataire de cette tribune collective. Bally BAGAYOKO
Alors que le gouvernement appelle de ses vœux à une «société de vigilance», des élus et militants de la France insoumise alertent: «Ils ne pourront pas être à la fois les pyromanes qui attisent la haine contre les migrants et les musulmans et les pompiers qui se chargeront ensuite d’éteindre l’incendie. Il faut que tous ces apprentis sorciers cessent leur petit jeu mortifère.»
Le 11 octobre en séance plénière du conseil régional de Bourgogne-France-Comté, Julien Odoul élu du RN s’en prend violemment à une maman portant un foulard qui accompagnait la classe de son fils en sortie scolaire.
Malgré la violence de l’agression et les pleurs d’un enfant de 10 ans dans les bras de sa mère, le gouvernement n’a défendu la mère agressée que du bout des lèvres. On a d’ailleurs senti l’irritation du chevalier Blanquer, occupé à couper et à recouper les têtes de l’ « hydre islamiste » et qui a passé plus de temps à critiquer la femme « voilée » que son agresseur. Certes, nous dit-il, « La loi n’interdit pas cela, en revanche on peut inciter localement à ce que ça ne soit pas le cas. […] Le voile en soi n’est pas souhaitable dans notre société. Ce n’est pas quelque chose à encourager. […] Ce que [le voile] dit n’est pas conforme à nos valeurs, tout simplement.»
Mais le preux chevalier Blanquer, non content de désigner à la vindicte les mères accompagnatrices portant un foulard s’attaque aussi aux enfants, appelant à signaler les petits garçons refusant de donner la main aux enfants, voyant en eux des petits djihadistes en puissance.
A la recherche lui aussi des signaux faibles de radicalisation, le ministre de l’intérieur désigne « la pratique régulière et ostentatoire de la prière » et la « pratique exacerbée de la religion en période de ramadan » comme autant d’usages problématiques.
Comment s’étonner après que certain.e.s prennent au mot Macron et son gouvernement?
Julien Odoul et le RN ne font finalement qu’ « inciter localement » à ce que les mamans portant un foulard n’accompagnent plus les enfants en sorties scolaires.
Et le responsable de la sécurité de l’Université de Cergy-Pontoise s’est certainement senti autorisé par le ministre de l’intérieur à envoyer en interne une «fiche de remontée de signaux faibles» à remplir transformant des pratiques banales pour un musulman en des indices de « radicalisation ».
Pas étonnant dans ce contexte, que dans l’Oise, un officier pompier ait refusé l’entrée de sa caserne à une mère accompagnatrice portant un foulard, entraînant l’annulation de la visite pour la classe de maternelle.
Le plus étonnant c’est que le gouvernement s’offusque que certain.e.s les prennent au mot et empruntent le chemin qu’ils ont consciencieusement balisé et fléché.
N’est-ce pas cela la société de vigilance que Macron appelle de ses vœux ?
Macron et son gouvernement doivent cesser leur jeu cynique visant à détourner contre les musulman.e.s et les migrants la colère qui monte dans la société contre leurs réformes anti-sociales. Ils ne pourront pas être à la fois les pyromanes qui attisent la haine contre les migrant.e.s et les musulman.e.s et les pompiers qui se chargeront ensuite d’éteindre l’incendie.
Assez d’hypocrisie. A ce petit jeu, ceux qui gagneront au final risquent d’être la droite la plus extrême et l’extrême droite.
Aujourd’hui, c’est d’abord de la population, du pays profond que vient la résistance à la haine xénophobe attisée par le gouvernement, les partis de droite mais aussi parfois de gauche. De la vallée de la Roya à Calais en passant par porte de la Chapelle, des collectifs d’habitant.e.s et des associations se mobilisent. Et face à l’islamophobie, la résistance s’organise aussi, les musulman.e.s ne se laissent pas faire. Par exemple, Fatima E, agressée par Julien Odoul porte plainte.
Plus que jamais, il faut que toutes ces résistances convergent pour faire reculer le racisme et les discriminations.
Il faut que tous ces apprentis sorciers, idiots utiles de l’extrême-droite, cessent leur petit jeu mortifère. Il faut cesser d’instrumentaliser la laïcité pour souffler sur les braises de l’islamophobie. « Jusqu’où laisserons nous passer la haine des musulmans ? » comme le crient 90 personnalités dans une tribune du Monde largement signée. Il est temps « de dire avec force que les femmes musulmanes portant le foulard ou non, et les musulmans en général ont toute leur place dans notre société » ; de refuser que nos concitoyens musulmans soient fichés, stigmatisés, dénoncés pour la simple pratique de leur religion et d’exiger solennellement que cessent les discriminations et les amalgames envers une partie de notre communauté nationale. Il en va de l’avenir de notre pays. »
Les premiers signataires
Yazid Arifi, ex-candidat LFI aux législatives (Paris15) ;
Djamel Arrouche ;
Léa Assaba ;
Bally Bagayoko, maire adjoint LFI, Saint Denis ;
Mohamed Bensaada ;
Nadia Ben Moussa, maire adjointe LFI, Villeneuve-Saint-Georges ;
Mohammed Ben Yakhlef, élu FI, Villeneuve-Saint-Georges ;
Nicolas Bérard, Allauch (13) ;
Taïeb Bouriachi ;
Leonard Brice, étudiant ;
Lionel Clerc, LFI Volonne, 04 ;
Hendrik Davi, ex candidat aux législatives (Marseille) ;
Thomas Dessalles ;
Simon Duquerroir LFI Paris 20 ;
Nicole Gellot, Valbelle (04) ;
Cécile Germain ;
Lisa Giachino, Château-Arnoux Saint-Auban (04) ;
Nathalie Guedé, Château-Arnoux St-Auban (04) ;
Djamal Issahnane, LFI Paris 20 ;
Habib Haddou, militant des quartiers populaires ;
Nicolas Huyghe, militant FI Nanterre ;
Samy Johsua, élu Marseille 13/14 ;
Mornia Labssi ;
Capucine Larzillière, conseillère municipale FI à Montreuil (93) ;
Nathalie Levallois, livret antiracismes LFI ;
Marion Martel, LFI Lille ;
Leïla Mathias, étudiante à Lyon ;
Alain Mathieu, LFI Montreuil ;
Bénédicte Monville, conseillère régionale Ile de France, écologiste-LFI ;
Fatiya Mothay ;
Moussa Naït Abdelaziz, FI Villeneuve d’Asq ;
Hamdiatou Ndiaye ;
Pierre Néron, insoumis Montagne de Lure ;
Yoan Pinaud, Aubervilliers ;
Emre Ongün, LFI Saint Denis ;
Foued Rahmouni, LFI Givors (69) ;
Sébastien Ramage ;
Laurent Sorel, conseiller d’arrondissement Paris 20, LFI ;
Aïssa Terchi ;
Caroline Torelli, FI Lille ;
Pascal Troadec, Maire adjoint de Grigny ;
Paul Trousset, étudiant ;
Stéphane Vonthron, livret antiracismes LFI ;
Eric Vuoso, Château-Arnoux St-Auban (04) ;
Nabil Zenasni, LFI Paris19.