[#Notre solidarité de 2017 est la même en 2018…. Nos exigences pour Salah Hamouri en 2017 sont aussi les mêmes en 2018… Dans le discours creux du président de la République Emmanuel Macron pas un mot sur la situation de Salah Hamouri et de tous les prisonniers politiques, militants français maintenus en détention…. C’est cela l’ambition d’une cohésion nationale retrouvée? Bally Bagayoko]
« L’avocat franco-palestinien, en détention administrative depuis le 23 août, a été déplacé ce dimanche 31 décembre de la prison du Negev à celle de Megiddo au sud-est de Haïfa. Une mesure qui s’apparente à une punition. Il est menacé d’être placé à l’isolement. Une question se pose maintenant: Emmanuel Macron intervient-il, ou non, pour la libération de notre compatriote ?
Emprisonné jusque là dans une prison du Negev, l’avocat franco-palestinien, Salah Hamouri a été transféré ce dimanche 31 décembre dans la prison de Megiddo de sinistre réputation. Selon l’association de défense des prisonniers, Addameer, il s’agirait rien moins que d’une « punition ». L’information de son transfert a été confirmée indirectement par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en charge des visites aux prisonniers palestiniens et qui a annoncé que la famille de Salah ne pourrait le voir demain, 1er janvier, la rencontre étant annulée.
Il y a deux semaines environ, des hommes – peut-être des services de renseignements – ont fait irruption dans la cellule de Salah Hamouri avec, dans leurs mains, un exemplaire de « l’Humanité ». On sait que, par l’intermédiaire de ses avocats, nous avions publié une interview de Salah Hamouri le 30 novembre dernier. Ces agents ont alors indiqué à Salah Hamouri qu’il allait être placé à l’isolement. Une forme de punition régulièrement utilisée par les autorités israéliennes contre les détenus palestiniens, mesure particulièrement inhumaine. Les représentants des prisonniers sont alors intervenus auprès de l’administration pénitentiaire pour empêcher l’application de cette décision. Mais, ce dimanche matin, les renseignements israéliens sont revenus à la charge en annonçant à Salah Hamouri son transfert à la prison de Megiddo, au sud-est de Haïfa. Il pourrait très bien se retrouver immédiatement à l’isolement.
Salah Hamouri se trouve incarcéré dans le cadre d’une détention administrative depuis le 23 août. Pour six mois, renouvelable autant de fois qu’en décide l’arbitraire de la « justice » israélienne. L’ordre a été donné par le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, qui mentionnait déjà la prison de Megiddo. La détention administrative est, en soi, un acte de torture mentale. Le témoignage d’un prisonnier est cité dans un livre (1). Il adressait alors – c’était en décembre 1996 – une lettre à l’écrivain nigérian Wole Soyinka. « Si je dois décrire ce que nous sommes, je dirais que nous sommes des otages politiques, écrivait-il. Nous ne pouvons jamais savoir à quel moment nous allons rentrer chez nous. Ce jeu cruel du « espoir/pas d’espoir » je l’ai une fois décrit comme un mélange de roulette russe « elle m’aime/elle ne m’aime pas » et (…) une variante du thème familier « En entrant ici, abandonnez tout espoir ». Rien ne permet d’espérer une libération prochaine puisque l’arbitraire règne. Développer l’espoir s’est s’exposer à une terrible désillusion en cas de renouvellement de la détention administrative. Ce cercle vicieux s’apparente bien à de la torture, ce qu’avait souligné en 1998 puis en 2003 le Comité des Nations unies pour les droits de l’homme qui s’était penché plus précisément sur la détention administrative pratiquée par Israël.
Contacté dimanche par « l’Humanité » concernant le sort de Salah Hamouri, le service de presse de l’Elysée n’a toujours pas répondu. La question est simple: le président de la république française intervient-il personnellement auprès des autorités israéliennes et plus particulièrement auprès de Benjamin Netanyahu, pour exiger la libération de notre compatriote comme le lui demandent des dizaines de parlementaires nationaux et européens et tout autant de conseils municipaux dans l’Hexagone? Emmanuel Macron qui a le verbe haut s’agissant d’autres pays est bien silencieux dans ce dossier. Or, la diplomatie discrète a ses limites. Il a maintenant le devoir d’informer les Français: oui ou non intervient-il?
Source : https://www.humanite.fr/salah-hamouri-ete-transfere-dans-une-nouvelle-prison-647988
(1) « Threat. Palestinian political prisoners in Israel ». Beer Baker et Anat Matar. PlutoPress Editions.