Tout mon soutien à cette invitation à la vigilance afin de faire de la JOP 2024, un outil au service de l’épanouissement des Hommes, respectueux et préservant l’environnement. Bally BAGAYOKO
Paris 2024, les premiers jeux 3.0 ?
Paris est candidate à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques 2024. Dès le lancement de cette belle idée, la FFCO – seule fédération sportive à avoir édité un livre « Regards sur les Jeux Olympiques de Londres » – a été mobilisée autour de cette candidature. Les résultats de l’enquête que nous avons réalisée fin 2015 auprès de nos clubs adhérents –conjointement avec d’autres fédérations ou unions de clubs omnisports- sont paradoxaux : si 73% des dirigeants sont favorables au principe, 29% seulement considèrent que cet événement aura un apport pour leur club.
Chacun doit donc bien mesurer les enjeux de cette candidature et les ambitions qui peuvent être portées « pour que l’avenir de l’Olympisme soit Solidaire, Omnisports, Démocratique, Populaire, Féministe, Intergénérationnel, Educatif, Nord/sud, Durable, Ecologique… ». Chacun peut s’y associer pour porter ces valeurs au sein de toutes les mobilisations, toutes les actions citoyennes –comme la création de comités locaux de candidature-.
Nous souhaitons aussi, avec l’ensemble des clubs -tout particulièrement ceux de la banlieue-, que l’engouement médiatique qui entoure les Jeux soit utilisé pour avancer dans la lutte contre les inégalités territoriales au sein de la métropole et que des efforts particuliers soient faits pour mobiliser les acteurs des quartiers populaires, pour que chacun puisse être, s’il le souhaite, bénévole, volontaire, spectateur… de ce qui doit redevenir une grande fête omnisports à taille humaine. Au-delà, c’est tout le pays qui peut tirer bénéfice d’une candidature innovante, soucieuse d’associer les femmes et hommes de terrain du sport.
L’objectif principal est simple : comment dans le sillage de cette candidature, renforcer et soutenir durablement des politiques sportives, dans tous les domaines, du sport de tous au sport de création ? Comment faire en sorte que l’amélioration des conditions de pratique du sport et de l’activité physique et sportive devienne le premier héritage de cette candidature ? Comment contribuer à ce que les Jeux Olympiques, un des plus grands spectacles mondiaux, échappent à l’accaparement par les puissances d’argent qui règlent la vie du monde ? Ils méritent attention, protection, car ils irriguent tout le sport, tous les sports, de manière universelle. En ces périodes électorales, c’est aussi une façon de rappeler aux candidats qu’il ne suffit pas de flatter les dirigeants ou de s’enorgueillir de telle ou telle victoire, de tel ou tel évènement. Le sport est trop souvent réduit à une portion congrue dans les programmes.
Dans cette visée, tous peuvent compter sur l’omnisports, dans sa transversalité, dans son enracinement au local, aux «corps sociaux » (entreprises, collectivités locales…), c’est le lieu incontournable pour «penser le sport » dans sa globalité, pour prendre en compte les « diverses diversités », dans un souci « d’agir-ensemble ».
La ville, nouveau lieu productif essentiel au moment de la mondialisation, est le « territoire » du club. Il y est partie prenante d’une nouvelle productivité sociale bâtie à partir d’une multitude d’innovations sociopolitiques, économiques, démocratiques et urbaines des habitants.
Après les Jo antiques, après les Jo de De Coubertin, une nouvelle ère s’annonce, faisons en sorte que ces JO 3.0 ne soient pas les jeux du cirque mais ceux qui contribuent, dans les actes et pas seulement dans les déclarations, à l’émancipation humaine.
Gérard Perreau-Bezouille
Coprésident de la Fédération Française des Clubs Omnisports