Laurent Russier, qui a succédé en 2016 à Didier Paillard, entre en campagne. L’élu communiste se donne un an pour consulter et rassembler.
Lien Leparisien : http://m.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/municipales-le-maire-de-saint-denis-est-deja-candidat-08-02-2019-8007633.php
Cela ne faisait guère de mystère depuis quelques jours à Saint-Denis, mais cette fois c’est officiel : le maire (PCF) Laurent Russier est bien candidat à sa propre succession. Il l’a officialisé ce vendredi, lors d’une première réunion de ses soutiens. L’édile de 45 ans n’occupe le fauteuil de maire que depuis décembre 2016. Il avait succédé à Didier Paillard en cours de mandat et se prépare donc à faire campagne pour la première fois en tête de liste.
Pourquoi vous déclarer aussi tôt ?
Pour construire sereinement un projet municipal avec les habitants. En tant que maire, j’ai favorisé les rencontres de proximité. Je veux désormais recueillir les attentes des Dionysiens, par le biais d’un questionnaire. Mais on ne part pas d’une page vierge, nous défendons les valeurs de Saint-Denis.
Quel sera l’enjeu de ces élections, selon vous ?
Il y a des difficultés sociales importantes, le mouvement des Gilets jaunes le montre. De vraies opportunités s’annoncent pour notre territoire, avec les Jeux olympiques, le Grand Paris Express, la rénovation urbaine. Mais il faut permettre à la population de Saint-Denis de continuer à habiter aux portes de Paris. Cela pose la question de la maîtrise du coût du foncier, un domaine dans lequel nous avons fait nos preuves. Je veux aussi construire le rassemblement à gauche…
Cela ne semble pas bien parti : vous allez faire face à plusieurs candidats, dont le socialiste Mathieu Hanotin…
Le morcellement de la gauche aux élections européennes est déjà dangereux. Mes deux adversaires, ce sont les idées du Rassemblement national et la politique de Macron. Rappelons qu’à la fin des années 1980, le Front national faisait des scores à deux chiffres à Saint-Denis. On a mis des années à le faire reculer. Ne créons pas d’opposition qui n’existe pas. Notre électorat socialiste est d’accord avec nous sur les besoins en logements sociaux, les services publics. Et nous avons porté le projet municipal avec nos amis Insoumis ces dernières années.
Mais le maire adjoint Bally Bagayoko a été désigné chef de file de la France Insoumise pour les municipales…
Pour l’instant, il ne s’est pas déclaré candidat et est un maillon essentiel de notre majorité. Nous portons un bilan commun. Nous devons nous mobiliser ensemble pour défendre les intérêts des habitants de Saint-Denis.
Durant un an, vous serez à la fois maire et candidat. Est-ce compatible ?
Je continuerai à être au service des Dionysiens, je serai un maire à plein-temps. Et je veux que cette campagne soit une campagne d’intérêt général.
Quels sujets voulez-vous aborder avec les habitants ?
Je veux réfléchir à l’expérience des territoires « Zéro chômeur », en lien avec les Jeux olympiques et paralympiques. Pourquoi pas envisager une ville « Zéro déchet », avec la création d’une ressourcerie ? Il faut aussi aborder les questions de santé et de bien-être : la lutte contre la pollution atmosphérique, en lien avec l’enfouissement de l’autoroute A1… Se fixer de grands objectifs dans une ville qui va se transformer.
« IL Y A UNE FORME DE PRÉCIPITATION, D’INQUIÉTUDE »
Le maire adjoint Bally Bagayoko, chef de file de la France Insoumise
Les fleurets mouchetés sont sortis. Le socialiste Mathieu Hanotin voit dans la candidature de Laurent Russier « un aveu de faiblesse » : « Citez-moi un maire en place et déjà en campagne », raille l’ancien député, battu aux municipales de 2014. « C’est le révélateur d’une majorité qui va mal. Et ça signifie qu’on bascule dès maintenant dans la campagne électorale », estime encore Mathieu Hanotin, qui a déjà fait savoir qu’il souhaitait « offrir une alternative en 2020 ».
Dans la majorité municipale justement, le maire adjoint Bally Bagayoko a été désigné en octobre dernier « chef de file » de la France Insoumise à Saint-Denis. Pas encore candidat donc, mais prêt à le devenir. Il accueille l’annonce du maire sans surprise : « Le parti communiste installe son candidat, ce n’est pas un sujet pour nous. Ce n’est pas notre adversaire. Je trouve tout de même que c’est trop tôt. Il y a une forme de précipitation, d’inquiétude. Le PCF veut envoyer un message de rassemblement, mais aucun membre de mon groupe n’a été contacté pour discuter de cela. Etre le premier à se déclarer ne suffit pas pour prétendre être le candidat du rassemblement. »