Le 13 février 2025, le conseil municipal de la commune nouvelle a examiné les orientations budgétaires proposées par la majorité socialiste actuelle. Ce rapport présente quelques mesures ponctuelles, telles que le gel du taux de la part communale de la taxe foncière, la baisse du taux de la taxe foncière à Pierrefitte à 20 % en 2025, qui devrait bénéficier à 6 000 foyers pierrefittois, une dotation d’amorçage de 15 € par habitant (soit 2,2 millions d’euros) dans le cadre de la fusion, et l’extension de la gratuité de la cantine aux élèves de CM1 et CM2 de Pierrefitte dès la rentrée de septembre 2025. Toutefois, derrière ces annonces se cache une réalité bien différente.
Le 20 avril 2023, Mathieu Hanotin proclamait : « Ensemble, on sera plus forts. » Cependant, ce rapport d’orientations budgétaires, qui reprend les mêmes constats défavorables depuis 2020 à Pierrefitte et Saint- Denis (inflation, absence de croissance, incertitudes nationales et internationales), révèle une gestion sans ambition ni vision, parfois même trompeuse. Derrière ce discours apaisé, il est évident que cette fusion n’a ni apporté de renouveau, ni trouvé de solutions durables aux défis de nos communes.
Concernant le maintien de l’accueil physique dans les services publics, il convient de rappeler que, dans le cadre de la niche parlementaire de La France Insoumise, l’Assemblée nationale a voté le 30 novembre 2023 une proposition de loi portée par les députées insoumises Martine ÉTIENNE (Meurthe-et-Moselle) et Danièle Obono (Paris 17e). Cette proposition vise à garantir un accueil physique dans les services publics, et non plus uniquement numérique. L’objectif est qu’aucune démarche administrative ne soit exclusivement accessible par voie dématérialisée.
Cependant, à la lecture du rapport, nous constatons que la promesse de maintenir un accueil physique dans chaque commune déléguée ne correspond pas à la réalité. Depuis le 1er janvier, le poste de police municipale de Pierrefitte ferme fréquemment en raison du manque d’effectifs, ce qui remet en question la sincérité de cette promesse. Le rapport évoque également l’harmonisation des tarifications pour garantir l’égalité de traitement entre les usagers. Or, il semble que les dionysiens risquent de devoir compenser les erreurs de gestion de l’ancien maire de Pierrefitte, notamment dans les activités périscolaires et extrascolaires.
Une somme de 800 000 € est allouée à la vidéosurveillance et à l’armement d’une police municipale déjà en crise et manquant cruellement d’effectifs, en particulier à Pierrefitte-sur-Seine. Ce montant correspond quasiment aux ressources nécessaires pour compenser le manque de moyens humains, mais il est décidé de l’investir dans la vidéosurveillance. Toutefois, ces investissements soulèvent des questions légitimes : renforceront-ils véritablement la sécurité ou ne serviront-ils qu’à compenser les défaillances d’un service déjà incapable de répondre aux besoins des habitants, notamment à Pierrefitte sur-Seine, où la police municipale souffre d’un manque de personnel ?
La municipalité mise sur l’augmentation des effectifs de la police municipale, mais cela ne résout en rien le problème de sécurité, qui dépend avant tout d’une collaboration efficace avec la police nationale, le respect de la doctrine, mais aussi par un renforcement des moyens octroyés à l’investigation et à la justice. Il manque néanmoins une évaluation précise des coûts de cette augmentation et de l’impact réel sur la prévention de la délinquance. Sans une vision claire sur l’efficacité durable de cette mesure, elle pourrait se réduire à une simple opération de communication. Cette stratégie coûteuse ne fera qu’aggraver la situation financière de la ville sans répondre concrètement aux véritables enjeux.
Sous le titre « Ville éducatrice et émancipatrice », le rapport néglige l’essentiel : le concept d’émancipation. Les jeunes y sont abordés uniquement comme des agents économiques, sans réflexion sur leur épanouissement personnel ou leur autonomie.
L’éducation devrait pourtant être une priorité absolue. Les récentes grèves des agents du service de vie scolaire et de l’enfance témoignent du manque d’écoute de la ville vis-à-vis des professionnels. Les infrastructures scolaires sont également dans un état déplorable : certaines écoles manquent de chauffage pendant des semaines, créant des conditions de travail inacceptables pour les enfants et les enseignants. Ce manque de vision pour l’avenir des jeunes est préoccupant.
Le point consacré à la « ville citoyenne » est totalement dépourvu de contenu concret. Aucun mot n’est adressé à la démocratie ou à la participation citoyenne. Cette absence de réflexion sur la place des habitants dans la gestion de leur commune témoigne de l’éloignement de l’actuelle municipalité de la réalité locale. De plus, le rapport applique les directives austéritaires du gouvernement sans tenir compte des conséquences locales. À Pierrefitte, des services essentiels ont été fermés, tels que le centre dentaire, la maison de santé (vendue à un prix dérisoire) et l’école des Fortes Terres. Parallèlement, les tarifs des activités périscolaires augmentent, pénalisant les familles les plus fragiles. À Saint-Denis, l’espace jeunesse du centre-ville, certaines ludothèques, la suppression de la médiation de nuit, du Journal de Saint-Denis, ainsi que l’accès au centre-ville des bus reliant les quartiers périphériques ont été supprimés.
La faible participation aux réunions de quartier et à la rencontre de bilan des agents municipaux (moins de 200 présents sur 4 000) montre l’isolement de la direction politique et sa déconnexion totale avec les préoccupations des habitants et des agents municipaux. La fusion des deux villes semble davantage être un arrangement politique entre deux hommes cherchant à maintenir leur pouvoir qu’une véritable décision démocratique et visionnaire. Les habitants ne sont pas dupes : cette fusion n’apporte aucune solution aux défis sociaux actuels et fragilise notre commune.
Concernant les Jeux Olympiques et Paralympiques, bien qu’ils aient été un événement médiatique important, ils n’ont eu aucun impact tangible sur le quotidien des habitants de la commune nouvelle. À l’échelle nationale, le budget a subi une baisse de près de 30 %, et au niveau local, l’ambition se limite à de la communication et à la valorisation de quelques résultats sportifs, sans véritable ambition en matière de politique sportive.
Le rapport propose une baisse de 20 % de la taxe foncière, mais cette réduction risque de mettre en péril la capacité de la commune à financer ses services publics. L’alignement des taux fiscaux, bien que bénéfique pour Pierrefitte, entraîne une perte de recettes de 3,7 millions d’euros, ce qui pourrait réduire la qualité des services publics. De plus, le texte omet de prendre en compte les fortes disparités sociales et territoriales au sein de la commune, ce qui pourrait aggraver les inégalités entre quartiers. Bien que des projets comme la végétalisation des cours d’écoles (500 000 €) et la renaturation de la ville (200 000 €) soient présentés, leur financement pérenne reste flou. Le projet inclut aussi la gratuité de la cantine pour les enfants, une mesure appréciable mais coûteuse, sans source de financement clairement identifiée.
Cependant, cette gratuité ne concerne que le temps scolaire, et non le périscolaire pendant les vacances. Bien que le texte évoque des engagements ambitieux, tels que l’intégration de 90 % de clauses environnementales dans les marchés publics d’ici 2025, les mécanismes de contrôle et la transparence manquent. L’intégration de l’économie sociale et solidaire (18 % en 2025) est également insuffisante pour avoir un véritable impact. De plus, les initiatives écologiques comme la végétalisation et la gestion des espaces verts semblent insuffisantes face aux enjeux climatiques pressants. Des mesures sont proposées pour lutter contre l’habitat indigne, mais sans soutien direct aux propriétaires pour rénover leurs biens. Enfin, la participation citoyenne dans les projets urbains, bien que mentionnée, reste trop faible pour garantir une prise en compte des besoins réels des habitants.
Face à cette gestion technocratique, déconnectée des besoins réels des habitants, nous appelons à un projet véritablement ambitieux, en rupture avec le choix fait par l’actuelle majorité, qui a délibérément décidé d’accompagner les politiques de la macronie au niveau local. Le rapport d’orientations budgétaires de la commune nouvelle confirme que la fusion/absorption imposée ne répond en rien aux défis sociaux de notre temps. Nous appelons tous les groupes d’opposition à la municipalité actuelle, ainsi que les habitants et agents communaux, à travailler dès maintenant sur l’écriture d’une nouvelle page pour la commune nouvelle, en mettant l’accent sur les besoins réels des habitants et en se donnant les moyens de répondre aux urgences climatiques et démocratiques. La France Insoumise Saint-Denis / Pierrefitte-sur-Seine poursuivra son engagement et ses actions auprès de toutes et tous, pour faire naître une dynamique collective, unitaire, trans-courants politiques et citoyenne, afin de construire une alternative lors des prochaines élections municipales de 2026.
Le 19 février 2025