[#Une clarification et contribution de mon ami Philippe Juraver sur les débats autour de la démocratie au sein de notre jeune mouvement la France Insoumise. Un grand bravo à lui pour son éclairage et les prévisions apportées. Bally Bagayoko]
Afin de répondre aux multiples interrogations qui me sont adressées, je me dois de participer au débat qui nous anime actuellement.
Que les journalistes qui souhaitent tant m’interroger, trouvent ici matière, s’ils le souhaitent.
Le premier sujet de débat, vient du fait qu’un mouvement comme le nôtre, sans véritable structure, sinon gazeuse (incolore, inodore, sans saveur ou alors colorée, corrosive, agressive), doit cependant par obligation électorale, choisir les candidats les mieux armés et les plus représentatifs de l’ensemble du peuple.
C’est inévitablement la porte ouverte à de nombreuses désillusions.
Ces dernières interviennent plus ou moins violemment en fonction de l’ego.
Aucune mesure de désignation ne saurait être parfaite.
Nous n’en sommes pas encore à proposer comme il aurait été possible de le faire, une trentaine de noms au vote et les ordonner en fonction des résultats.
D’autant que même ces trente noms pourraient faire débat, ce qui implique effectivement un comité électoral dont le rôle est de déterminer des choix pertinents.
Sachant que 50 % des membres du comité électoral tiré au sort, est quand même un gage de démocratie, qui à ce jour n’est guère utilisé en dehors de la FI.
Il est évident que ces derniers ont cependant à faire face à des politiques souvent aguerris, qui savent être convaincant grâce à des analyses supposées savantes.
Il n’en demeure pas moins, par conséquent, que certains d’entre eux peuvent s’interroger, face à une situation qu’ils considèrent incompatible avec leurs convictions.
Peut-on et de quel droit leur imposer de se soumettre, d’autant que pour un insoumis, c’est évidemment par définition compliqué ?
Membre du parti de gauche, je perçois d’autant plus ces difficultés, que crédité du plus grand nombre de voix (du collège homme) lors du dernier congrès pour l’élection des secrétaires nationaux, second au congrès précédent, la direction du parti a considéré que je serais le dernier présenté sur la liste pour les européennes, ce dont ledit comité n’a d’ailleurs visiblement pas tenu compte.
Dans un parti trop souvent considéré comme élitiste, il est évident qu’être travailleur retraité, toujours syndiqué et noir au surplus, ne représente pas un avantage évident, même s’il réunit le plus grand nombre de suffrages.
Puisque mon cas a été cité et fait débat, sachez qu’effectivement je suis déçu, pas par le fait de n’être pas reconnu comme susceptible d’être éligible, mais parce que mon ambition en tant qu’élu, était de mettre en relation le plus grand nombre possible de travailleurs européens afin de démontrer que vivre et travailler dans un des 27 pays en percevant le tiers ou la moitié du salaire allemand, français ou scandinave, n’a d’intérêt que pour ceux qui sont déjà dans une situation particulièrement aisée.
Je ne peux que souhaiter que cette action soit cependant entreprise.
Ce qui importe, par-delà les ressentis, c’est notre enjeu de rassembler, fédérer le peuple, au travers de tous les citoyens susceptibles de ne pas trahir, dès lors qu’ils rencontrent la moindre difficulté.
L’autre sujet de débat porte sur le « leadership » politique, autrement dit pour la FI devenir l’incontournable représentant du peuple.
Ce qui implique, inévitablement d’être taxé de populiste.
Ce dernier terme destiné à dénigrer, mais surtout utilisé pour créer la confusion, n’est bien évidemment jamais accolé à ce qui forme notre ADN : Social, Ecologiste, Humaniste.
Sachant que dans notre pays 80 % des français touchent moins de 2500 € par mois (source INSEE 2015, niveau de vie des français), je suis persuadé qu’un mouvement comme le nôtre est susceptible de ne pas considérer 30 ou 35 % d’électeurs comme une victoire.
Ce qui amène aujourd’hui les abstentions massives, n’est lié qu’à la certitude de trahisons futures.
MACRON, ce jeune élégant bipède, d’une intelligence rare, plein de certitude, s’est avéré un traître comme les autres pour cette population qui ne l’intéresse que pour mieux l’asservir.
Il a quand même réussi l’exploit de recomposer la droite en ne tenant compte que de la docilité des impétrants.
Face à une telle intelligence politique, il n’y a pas place au moindre atermoiement.
Si notre objectif est de réellement changer de la vie nos concitoyens, ce ne pourra se faire, qu’en utilisant toutes les volontés, tout en faisant abstraction de ressentiment même fondé.
Les luttes, les résistances, n’ont pu gagner qu’à cette condition.
J’en terminerais par l’obligation de transparence qui seule est à même de nous différencier sans ambiguïté de tous les autres partis politiques, car ce dont nous avons besoin c’est de confiance, et surtout pas celle du serpent du livre de la jungle, qui est notre quotidien depuis trop longtemps !