Concernant les législatives, la France insoumise avait annoncé pouvoir boucler ses listes en décembre. Finalement, fin janvier, il reste encore des trous…
C’est un processus qui s’est avéré complexe. D’abord parce que la France insoumise n’est pas un parti politique, donc nous n’avons pas de structures intermédiaires, départementales ou régionales. On ne compte que sur les groupes d’appui, qui n’ont pas de coordination spécifique entre eux. Donc il a fallu du temps pour mettre en place les cadres qui permettaient d’avancer sur les législatives. Deux nouvelles réunions ont eu lieu en janvier, et à cette heure nous avons des candidats dans 360 circonscriptions [sur 577 – ndlr]. Pour nous ça avance bien, compte tenu de la jeunesse de notre mouvement. D’ici au mois de février, nous aurons des candidatures partout.
Nous sommes en outre très satisfaits du profil de nos candidats. On a une moyenne d’âge de 43 ans. Les profils sociologiques sont variés, à l’image de la société : des ouvriers, des chauffeurs routiers, des syndicalistes de poids – le plus emblématique étant sans doute Lionel Burriello à Florange, mais il y en a d’autres –, des candidats engagés dans des combats écolos – comme l’avocate du collectif du Testet par exemple –, ou quelqu’un qui s’est investi dans la défense de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Cela montre que le mouvement de la France insoumise répond à ces aspirations. On a aussi une pluralité politique : des militants communistes, du Parti de gauche, des anciens socialistes, des militants de Nouvelle Donne, des écolos.
Après, je ne vous cache pas que c’est un processus qui prend du temps, qui est complexe à certains endroits. On va à présent pouvoir examiner des candidatures là où il n’y a pas eu d’assemblée de circonscriptions.
Il y a eu une rencontre lundi 23 janvier avec les communistes. Ce n’était pas une réunion consacrée aux législatives, mais plutôt un point de contact sur la situation, comment eux voyaient la campagne de Jean-Luc Mélenchon, ou sur les initiatives que l’on avait prévues et celles qu’ils avaient prévues de leur côté. Nous avons regardé si celles-ci étaient bien complémentaires et pas concurrentes, ce qui était le cas.
Sur les législatives, pour l’instant il n’y a pas eu de discussions précises. Il va y avoir dans un premier temps une rencontre entre les communistes et les membres de la France insoumise chargés de cette question, pour faire une analyse de la situation. Ensuite, nous verrons s’il peut et s’il doit y avoir des échanges. Pour l’instant, nous en sommes au stade du diagnostic.
Ce qui semble freiner les communistes, c’est la charte de la France insoumise…
D’abord, on aimerait comprendre ce qui bloque. Hier, il y a eu un petit échange sur le sujet. Dans la charte, il y a des points sur l’éthique ou sur le non-cumul. Nous ne pensons pas qu’il y ait désaccord avec les communistes sur ces points. Ensuite, il y a des aspects liés au fonctionnement du groupe d’élus. Nous avons l’impression d’avoir mal été compris sur ce sujet. Nous savons évidemment que la discipline de vote est interdite en France par la Constitution. En revanche, il nous paraît normal de dire que les députés élus doivent être en accord avec le programme pour lequel ils ont été élus.
La difficulté est peut-être, dans ce cas, financière. Mais cela ne nous a jamais été exprimé comme tel. Ce n’est pas grave, c’est juste qu’il faut le dire si c’est ça. Nous l’avons dit depuis le début : il ne s’agit pas d’empêcher le PCF d’avoir droit à la réversion à laquelle il a le droit s’il a des candidats aux législatives. Le fait d’adhérer à l’association de financement inclut des mécanismes de réversion pour tous les candidats communistes. Il n’y a aucune difficulté pour nous de ce point de vue-là. Nous en sommes vraiment au stade de l’incompréhension sur cette charte, qui n’a pas pour ambition de contrarier le PCF mais seulement d’assurer une campagne nationale, bien identifiée.
Manuel BOMPARD Directeur de campagne de Jean Luc Mélenchon